Bougez moins avec la poste
Le timbre numérique est disponible, exclusivement sur Android et iOS. Ce service permet d’acheter un timbre directement depuis l’application, de recopier un code sur son courrier et de l’envoyer. La Poste a mis à jour ses conditions générales de vente et l’Arcep a rendu public son avis, critique sur certains points.
Le « timbre numérique » – auparavant connu sous le nom de « timbre digital » – n’est pas nouveau, loin de là, puisque La Poste en parle depuis maintenant deux ans. C’est, en effet, en juin 2022, que le groupe annonçait la possibilité de poster un courrier « sans avoir de timbre sous la main, grâce à un code unique à huit chiffres acheté sur l’application La Poste ».
Un nouveau moyen d’affranchissement
Le service devait initialement être disponible dès le début de l’année 2023, mais il y a eu du retard à l’allumage. Comme l’a remarqué iGeneration, le timbre numérique est disponible depuis maintenant quelques jours, sur Android et iOS.
Dans les deux cas, les notes de version datent de fin mai et indiquent comme nouveauté le « timbre numérique, un tout nouveau moyen d’affranchissement pour vos envois de moins de 20 grammes en France métropolitaine ». On a également droit aux traditionnelles améliorations de stabilité et corrections de bugs.
Attention à bien respecter les conditions
Une page d’aide permet d’avoir de plus amples détails sur le fonctionnement du timbre numérique. Comme prévu, il n’est disponible que dans l’application mobile (au grand dam de l’Arcep, on va y revenir). Il consiste en un code alphanumérique de huit caractères à recopier sur l’enveloppe (ou la carte postale), « à l’aide d’un stylo de couleur noir ou bleu foncé ».
La Poste précise que le code doit être écrit « de manière lisible […] en respectant un positionnement en haut à droite du pli avec un espacement tous les deux caractères ». Il suffit ensuite de déposer votre courrier dans une boite aux lettres.
Ce timbre dématérialisé est utilisable « pour tous les envois de courrier de moins de 20 grammes (soit environ 2 feuilles A4) », mais seulement en « intra-France Métropolitaine (Corse comprise) ». Les dimensions du courrier ne doivent pas dépasser 176 x 250 x 30 mm. Le code est valable huit jours seulement à compter de sa date d’achat.
J+3, mais pas de suivi possible
Depuis le 1er janvier 2023, La Poste ne propose plus de timbre rouge pour les courriers prioritaires, remplacé par la « e-lettre rouge ». Comme les courriers timbrés avec un timbre physique (tarif lettre verte, soit 1,29 euro), le délai d’acheminement est donc de trois jours ouvrés, que le timbre soit numérique ou physique, c’est la même chose.
Le timbre numérique ne permet pas d’avoir le suivi en ligne des envois. Et « il n’est pas possible d’ajouter un Sticker suivi sur une enveloppe avec un timbre numérique, ces deux produits ne sont pas compatibles », précise l’entreprise.
L’avis de l’Arcep sur le « timbre digital »
Comme indiqué, La Poste prévoyait de lancer son service début 2023. L’Arcep – Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse, dans sa version longue – a été saisie pour avis par La Poste le 20 janvier 2023. Elle a récemment publié ses conclusions.
On y apprend déjà un premier glissement de terrain sur la date de lancement. Le dossier présentait en effet « les modifications non tarifaires envisagées pour le service « Timbre digital » […] prévues pour le second trimestre 2023 ». L’Arcep réaffirme au passage que ce timbre numérique est « un nouveau mode d’affranchissement de la Lettre verte », pas un nouveau service. Le tarif est donc le même.
L’Autorité regrette par contre fortement « la restriction de l’accès à ce service à la seule application mobile de La Poste, excluant son site internet, qui aurait élargi l’accès au service à l’ordinateur ».
Une « IA » pour reconnaitre les codes
L’Arcep détaille le fonctionnement des coulisses : « Le code alphanumérique sera ensuite traité et validé, dans les machines de traitement et de distribution en PIC et PPDC [respectivement plateformes industrielles du courrier et plateformes de préparation et de distribution du courrier, ndlr], grâce à l’implantation dans ces dernières de ce que La Poste décrit comme « une intelligence artificielle » ».
Dans son avis, l’Arcep commence par tacler le nom du service (timbre digital) à l’époque : « l’Autorité s’interroge sur l’emploi de l’anglicisme « digital » dans le nom de ce nouveau service alors que l’adjectif « numérique » semblerait plus approprié en langue française ». Bonne nouvelle, le service s’appelle bien timbre numérique !
L’Arcep regrettait aussi le calendrier, proche de la fin de la lettre prioritaire remplacée par la e-lettre rouge, qui « a donné lieu à de nombreuses incompréhensions. Elle a notamment été interprétée par certains comme l’annonce de la disparition de la distribution du courrier physique ». Depuis, les choses se sont tassées et le lancement mi-2024 ne devrait pas poser de souci.
Que se passe-t-il en cas de souci ?
Que se passe-t-il en cas de souci avec l’« intelligence artificielle » de La Poste ? Le groupe n’en parle pas, mais l’Arcep revient en partie sur cette problématique. La Poste explique, qu’en cas de code non valide, c’est-à-dire non reconnu dans la base des codes valables et en cours de validité, « le pli traité est soumis au « montant fixe de traitement » via le même processus que la Lettre verte : le destinataire doit régler le tarif du timbre + le montant fixe de traitement ». Si le destinataire refuse le courrier, « le pli sera retourné à l’expéditeur ou réexpédié au service courrier ».
Par contre, « aucune information n’est précisée sur les modalités et conditions de dédommagement en
cas d’erreur de reconnaissance par les machines de traitement et de distribution », regrette l’Arcep.
Dans son avis, elle rappelait aussi « la nécessité de la disponibilité et de l’accessibilité des conditions générales de vente ». Le Timbre digital (désormais timbre numérique) est considéré comme un moyen de paiement pour l’envoi de correspondance. Il doit être ainsi « défini contractuellement entre le prestataire du service universel et l’usager ».
Il dispose désormais de sa sous-section dédiée dans les conditions générales de vente. Rien par contre concernant les éventuelles « modalités et conditions de dédommagement » en cas de problème avec l’« IA » de La Poste.