Joli Kelly
Next montre que la dernière version de Midjourney produit des images de produits et des logos de marques de luxe, s’exposant à de potentielles accusations de contrefaçon ou d’infraction au droit d’exploitation par tiers.
La semaine dernière, Next démontrait la propension du moteur d’IA générative Midjourney à générer des images potentiellement soumises aux droits d’auteur.
Après cette première incursion du côté artistique du champ de la propriété intellectuelle, nous nous sommes posés la question suivante : dans quelle mesure Midjourney avait-il été entraîné sur des contenus de marques ? Et dans quelle mesure cela créait-il un risque, pour un utilisateur, de générer des images ressemblant à des produits réels ?
Pour tenter d’y répondre, nous sommes partis des productions de l’un des fleurons économiques français : l’industrie du luxe. Et nous sommes mis à tester toutes sortes de requêtes (prompts), quelquefois en citant expressément des marques cibles, quelquefois sans le faire, pour voir si la machine produisait des images proches de la réalité.
Résultat des courses, en matière de sacs à main, (les créateurs de) Midjourney semble(nt) avoir un faible pour les sacs de la marque Hermès, sans qu’on le lui demande (les deux images ci-dessous sont issues de deux séries de tests différents).


Quoiqu’on trouve aussi des designs proches de ceux de l’américain Michael Kors.

Dans votre requête, changez le mot « popular » pour « iconic », vous n’obtiendrez plus que des designs proches des modèles Kelly et Birkin d’Hermès.

Mieux comprendre l’entraînement comme les risques de Midjourney
Notre hypothèse principale, de concert avec celle formulée par divers experts de l’intelligence artificielle : plus la machine produit des images proches d’œuvres réelles, plus il est probable que ces images aient fait partie de leur entraînement.
Cela permet d’en savoir un peu plus sur le fonctionnement du modèle. En revanche, ça ne donne aucune information, sur la manière dont les données d’entraînement ont été sélectionnées (en accord avec leurs producteurs ou non).

Selon la professeure de droit à Paris-Saclay Alexandra Bensamoun, la production de logos reconnaissables, comme celle d’œuvres dans le style de différents artistes, n’est pas nécessairement une surprise, puisque la directive de 2019 sur le marché unique numérique (aussi connue sous le nom de directive « copyright ») a introduit une exception permettant la fouille de texte et de données (text and data mining, TDM).
De la même manière que le CEO de Midjourney David Holz le disait ouvertement à Forbes en 2022, Open AI ne cache plus non plus son besoin de contenus sous droits d’auteur pour s’entraîner. Dans le cadre d’une enquête de la commission des communications et du numérique de la Chambre des Lords britannique, la société a admis ne pas être en mesure d’entraîner son grand modèle de langage autrement.