Brûlez vos TV

L’Arcom, l’Arcep et l’ADEME se sont penchées sur l’impact environnemental des usages audiovisuels en France. Comme on pouvait s’y attendre, les appareils, et notamment les téléviseurs, sont le plus gros poste d’émissions de CO2. Mais, malgré une diminution prévue des postes TV, les agences prévoient que cette empreinte carbone pourrait augmenter de 30 % d’ici 2030 si aucune action n’est prise pour la limiter.
Les deux autorités de l’audiovisuel et des télécoms se sont associées une nouvelle fois avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie pour étudier l’impact environnemental des usages de leur secteur. Ce coup-ci, elles se sont concentrées sur les usages audiovisuels en France, en étudiant [PDF] son empreinte carbone en 2022. Elles ont ensuite établi plusieurs scénarios pour évaluer les perspectives de ce secteur pour 2030.
Elles soulignent dans leur communiqué que « sans action pour limiter la croissance de l’impact environnemental des usages audiovisuels, leur empreinte carbone pourrait augmenter de 30 % d’ici 2030 ». Elles ajoutent néanmoins qu’ « une combinaison des mesures d’écoconception et de sobriété pourrait au contraire la diminuer d’un tiers ».
Selon cette étude, « l’impact total sur le changement climatique des usages audiovisuels en France durant un an (sur l’année 2022) est estimé à 5,6 MtCO2eq ». Le rapport précise que c’est « équivalent à environ 33% de l’empreinte carbone totale du numérique en 2020 », telle que l’ADEME et l’Arcep l’avaient évalué dans une étude publiée il y a 2 ans.
La TV linéaire (la classique, on s’assoit et on regarde en direct) représente sans contestation possible la plus grosse part de l’impact carbone de l’audiovisuel français. Ce qui est assez logique vu que les téléviseurs ont encore une place importante dans les foyers français et que ces appareils sont ceux qui ont l’impact environnemental le plus élevé.
« Cependant, pour un usage sur un même terminal, la TV linéaire (notamment broadcast) a un impact environnemental plus faible que la vidéo à la demande », explique l’étude.

Les trois agences confirment que « le premier poste d’impact environnemental des usages audiovisuels correspond de manière générale à la fabrication des terminaux (smartphone, ordinateur, téléviseur, tablette, poste radio, etc.) ». Elles ajoutent que « la consommation électrique des terminaux, notamment de plus grandes tailles comme le téléviseur, peut également représenter des impacts significatifs ».

Si on veut des chiffres globaux, les agences expliquent que les terminaux sont « le premier contributeur aux impacts de l’audiovisuel (entre 72% et 90%), suivi par le tier réseaux (entre 9% et 26%), puis le tier centres de données (entre 1% et 3%) ».

Dans le détail concernant les terminaux, le téléviseur prend donc une place importante :

3 scénarios pour 2030
Pour évaluer l’évolution d’ici 2030, l’Arcom, l’Arcep et l’ADEME ont créé trois scénarios : un « tendanciel », un « Ecoconception » qui « met en œuvre des pratiques d’éco-conception sans pour autant modifier les prévisions sur l’évolution des différents volumes d’usage », et enfin un « Sobriété » qui prend comme hypothèse le fait que toute la chaine adopte des mesures de sobriété.
Même dans les deux scénarios où aucune mesure de sobriété n’est prise, « l’extrapolation du nombre d’heures d’usages des terminaux par rapport aux durées d’écoute individuelle, induit une diminution du parc total de TV (l’augmentation du nombre de Smart TV ne comble pas la réduction du nombre de TV classique) », expliquent les agences.
« En revanche, le parc des écrans internet (smartphone, ordinateur, tablette) connait une croissance », ajoutent-elles. Dans leurs scénarios, elles ont aussi extrapolé l’évolution de la taille des téléviseurs, qui augmente d’année en année.
Malgré cette baisse des usages des téléviseurs, sans aucune action, le scénario tendanciel des agences prévoit une augmentation de 29 % de l’empreinte carbone de l’audiovisuel français. Mais en appliquant des mesures d’éco-conception sur toute la chaine, le secteur pourrait baisser son empreinte de 6 % d’ici 2030. Enfin, s’il prend le chemin de la sobriété, cette empreinte peut même baisser d’un tiers.

Les agences estiment, concernant les usages, que c’est sur la vidéo à la demande que la marge est la plus grande :
