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Entre Trump et Harris, le cœur de la Silicon Valley balance

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Vote, baby vote
Entre Trump et Harris, le cœur de la Silicon Valley balance

Historiquement démocrate, la Silicon Valley a pu sembler glisser vers le camp républicain au début de l’été. C’est sans compter l’implantation de Kamala Harris dans la région, ni les travaux de ses équipes pour convaincre les cadres de l’industrie numérique.

Conservatrice ou démocrate, la Silicon Valley ? Loin d’être un tout homogène, l’industrie états-unienne de la tech a tout de même traditionnellement penché du côté démocrate de l’échiquier politique jusqu’à la campagne actuelle, qui a vu un nombre croissant de fondateurs d’entreprises et d’investisseurs se positionner publiquement en faveur de Donald Trump.

Et puis Joe Biden a renoncé à se re-présenter. Originaire d’Oakland, en Californie, et forte d’une carrière de procureur passée à San Francisco entre 2004 et 2010, sa successeure Kamala Harris jouit d’une série d’arguments sur lesquelles le président sortant ne pouvait compter. Résultat, à la suite de sa candidature au plus haut poste des États-Unis, des soutiens affichés de son concurrent républicain ont finalement décidé… de financer aussi le camp démocrate.

Ainsi Tim Draper, fondateur de Draper Associates et investisseur, entre autres, de Twitter, Baidu, Tesla ou Theranos, a récemment indiqué avoir donné « à peu près le même montant » aux deux camps. Autre positionnement inattendu : le cofondateur du fonds Andreessen Horowitz, Ben Horowitz, qui avait très publiquement déclaré se ranger derrière Trump au début de l’été, a finalement réalisé une seconde donation en faveur de Kamala Harris.

Chez les démocrates comme les républicains, multiples financeurs de l’industrie numérique

D’après les documents soumis à la commission électorale fédérale, les plus grosses donations uniques ont été versées à des comités d’action politiques (les PAC) de soutien à Donald Trump. Cela dit, relève NBC, les entrepreneurs de la tech ont été les plus gros donateurs du Future Forward PAC (FF PAC), un super PAC de soutien à Kamala Harris.

L’industrie technologique fournissant une bonne partie des personnalités les plus riches des États-Unis (et du monde), il n’est pas très étonnant de la voir peser sur les élections. Comme nous l’expliquions dans un précédent article, les systèmes de super PAC (des PAC indépendants des partis politiques eux-mêmes) sont quelquefois décriés pour le pouvoir accru qu’ils fournissent aux plus fortunés sur la politique états-unienne. Une longue enquête du New Yorker montre ainsi que la tech est devenue l’une des plus grosses industries donatrices du cycle électoral 2024 aux États-Unis, et le monde de la crypto, responsable de près de la moitié des dons d’entreprise.

De fait, Tim Draper a expliqué que ses donations aux deux camps lui avaient permis, à sa femme et lui, « de rencontrer personnellement les deux candidats et de prendre une décision plus éclairée ». Et de préciser : « J’en conclus que les deux candidats ont de bonnes intentions et, bien qu’ils tracent des voies différentes pour l’Amérique, je suis optimiste quant au fait que l’une ou l’autre de ces voies constituera une étape positive. »

Outre la question de l’accès, ces donations permettent aussi d’observer les revirements et les hésitations, comme celle de Ben Horowitz. En juillet, alors que Joe Biden était encore le candidat officiel du camp démocrate, celui-ci s’était joint à son associé Marc Andreessen pour indiquer qu’ils verseraient tous deux des donations au camp républicain. Dans un article de blog, Horowitz avait indiqué n’agir que pour défendre les petites entreprises de la tech – et ne pas prendre part à d’autres formes de batailles politiques.

La tech démocrate plus convaincue par Harris que par Biden

Dans un mail envoyé début octobre à ses employés, l’investisseur a indiqué début octobre s’apprêter à verser un « donation significative » au camp Harris. Le revirement illustre le succès, pour le camp démocrate, du retrait de la candidature de Joe Biden au profit de celle de Kamala Harris. Parmi les finances historiques du parti, le cofondateur de Netflix Reed Hastings avait aussi publiquement appelé au retrait du Président Biden. 



Il souligne aussi la force des réseaux de Harris dans l’industrie numérique. Si Elon Musk fait bruyamment campagne pour son concurrent, la candidate démocrate peut compter sur les plus de 800 investisseurs qui ont affirmé dès août voter et récolter des donations pour sa campagne via le site VCsForKamala.org. Parmi les signataires : le cofondateur d’Apple Steve Wozniak, l’investisseur Vinod Khosla, l’ex vice-présidente de la stratégie internationale de Twitter Katie Stanton ou encore la fondatrice de Cowboy Ventures (et première utilisatrice du terme licorne pour qualifier les start-ups valorisées plus d’un milliard de dollars) Aileen Lee.

Parmi ses plus gros donateurs, le FF PAC compte de son côté Dustin Moskovitz, cofondateur de Facebook et d’Asana, Reed Hastings, et Jeff Lawson, cofondateur de Twilio, et son épouse Erica Lawson. En août, le premier lui avait versé 3 millions de dollars, les trois autres 1 million chacun. Après avoir rencontré de nombreuses entreprises de la crypto, dont Coinbase et Ripple, le FF PAC s’est par ailleurs ouvert en septembre aux donations versées en crypto actifs.

Pour lutter contre la potentielle fuite de soutiens vers le camp opposé, les équipes de Kamala Harris se sont par ailleurs lancées dans une campagne de ralliement des dirigeants de la tech. Le but : les convaincre que sa politique sera différente de celle menée par Joe Biden, tant en matière de gestion des géants numériques – l’industrie la presse d’adopter une vision plus souple en matière de pratiques anticoncurrentielles – que dans le domaine des cryptos.

L’enjeu est de taille : pour l’un des entrepreneurs interrogés par le Washington Post, la génération actuelle de fondateurs de start-ups a « grandi avec un parti démocrate qui, en général, considère que les écosystèmes de la tech et du capital-risque ne méritent pas d’être célébrés ». Harris et ses émissaires – dont son beau-frère et directeur juridique d’Uber, Tony West – travaillent à inverser cette tendance et à collecter l’avis de représentants de la Silicon Valley pour construire sa politique.

Ils doivent toutefois composer avec toute une frange de démocrates très critiques de la concentration des entreprises, et qui appellent régulièrement au démantèlement de géants comme Alphabet, Amazon ou d’autres.


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