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Les forces de police européennes ont annoncé le démantèlement d’un vaste réseau d’IPTV qui commercialisait, de façon illégale, l’accès à des services tels que DAZN, Netflix, Amazon Prime ou Disney+. D’après les forces de l’ordre, le réseau comptait 22 millions de clients, représentant quelque 250 millions d’euros de chiffre d’affaires mensuel.
22 millions d’utilisateurs, 250 millions d’euros de chiffre d’affaires mensuel, et un manque à gagner de l’ordre de 10 milliards d’euros pour le secteur de la vidéo payante sur Internet : tels sont, selon la police italienne, les chiffres d’un vaste réseau illégal de distribution IPTV tout juste démantelé.
Un réseau très distribué
L’opération, pilotée par l’Italie avec le concours d’Europol et d’autres polices nationales, a conduit à l’interpellation de 11 personnes ainsi qu’à la saisie de 29 serveurs informatiques, une centaine de noms de domaine et l’équivalent de 1,6 million d’euros en cryptomonnaies, précise Europol :
« L’enquête a ciblé 102 suspects, dont 11 ont été arrêtés, pour avoir diffusé illégalement en ligne du contenu provenant de services de streaming, notamment des films et des séries. Ils ont également piraté plus de 2 500 chaînes de télévision, notamment des chaînes sportives, les mettant à disposition de plus de 22 millions d’utilisateurs dans le monde sans le consentement des titulaires des droits d’auteur. »
La police italienne rappelle quant à elle que l’argent saisi ne représente qu’une faible fraction des revenus générés par le réseau, estimés à 3 milliards d’euros par an. Elle décrit un réseau solidement organisé, construit sur un recours massif aux applications de messagerie chiffrée, ainsi que sur de faux documents d’identité, notamment pour la souscription des offres payantes ou des abonnements qui étaient ensuite reproduits et revendus.
« Le 26 novembre, lors d’une opération internationale, les serveurs hébergeant le streaming illégal ont été saisis et fermés, perturbant les services », se félicite de son côté Eurojust, l’agence de l’Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale. L’enquête ouvre par ailleurs la voie à des chefs d’accusation supplémentaires tels que le blanchiment d’argent et la cybercriminalité, indique encore Europol.
Aucune des forces de police impliquées ne précise quels sont les services illégaux compromis par cette opération. À la différence du téléchargement illégal, incarné par de grands sites à la notoriété bien établie, les abonnements illégaux à l’IPTV sont en effet distribués de façon bien plus diffuse. Europol précise ainsi que 560 revendeurs ont été identifiés dans le cadre de cette enquête.
Le piratage sportif comme catalyseur
Le phénomène des sites ou services qui retransmettent illégalement des offres TV ou vidéo à la demande payantes n’a rien de nouveau. Il connait cependant un regain d’intérêt, lié notamment à la problématique du piratage sportif. L’IPTV illégale est en effet vue comme un moyen de contourner les chaînes à péage comme DAZN, qui construisent leur modèle économique sur l’achat des droits de diffusion associés à certaines compétitions (en l’occurrence, la Ligue 1 en France) puis la vente d’abonnements dédiés.
La reprise de la Ligue 1 en août, combinée à une hausse des prix significative annoncée par le diffuseur DAZN, a par exemple conduit cette année à une hausse significative des demandes de blocage de noms de domaine utilisés pour ces diffusions illégales. Les messageries chiffrées telles que Telegram font quant à elles figure de vitrines pour cette offre illégale.
Ligue 1 : 37 % de visionnages illégaux selon la LFP
Bien que la lutte s’intensifie, le phénomène continue de prendre de l’ampleur. C’est en tout cas ce qu’affirme Benjamin Morel, le directeur général de LFP Media, la filiale commerciale de la Ligue de football professionnel (LFP).
D’après une étude Ipsos commanditée par la LFP (qui n’a pas encore été rendue publique), 37 % des personnes ayant regardé la Ligue 1 cette saison l’auraient fait de manière illégale (que ce soit via IPTV, site Web ou messagerie), rapporte L’Equipe. Le dirigeant va même plus loin : d’après lui, 55 % des spectateurs de la dernière rencontre opposant l’OM au PSG auraient regardé le match par des voies illicites.