influrusseurs
Depuis le printemps 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le Kremlin aurait essayé de lancer une importante vague de manipulation des influenceurs européens en contactant plus de 2000 influenceurs, selon une source du journal Le Monde. 20 d’entre eux auraient accepté.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a été accompagnée de vagues de désinformation sur les réseaux sociaux et notamment via TikTok et Instagram. Selon une source du Monde au sein des services de renseignement français, le Kremlin aurait, depuis le printemps 2022, contacté plus de 2 000 influenceurs à travers l’Europe.
La Russie aurait réussi à convaincre une vingtaine d’entre eux de publier des vidéos reprenant les éléments de langage de la propagande russe. Si certains sont installé en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni, une source gouvernementale a confirmé à l’AFP que neuf d’entre eux étaient français.
Auditionné par l’Assemblée Nationale ce mercredi 18 décembre, le ministre des Affaires étrangères démissionnaire, Jean-Noël Barrot, a déclaré à ce propos : « nous disposons d’éléments qui confirment que la Russie tente de manipuler des influenceurs dans des pays européens, dont la France ».
Un influenceur français identifié
Le Monde explique avoir réussi à identifier l’un des influenceurs français ayant participé à l’opération sans pour autant le nommer. Celui-ci aurait tout de même plus de six millions d’abonnés. Le journal a retrouvé une des vidéos postées sur TikTok en février 2022 où l’influenceur partage de la propagande russe.
Suite aux questions posées par nos confrères, la vidéo a été supprimée. Le Monde a ensuite reçu deux e-mails « confus » dans lequel une personne se présentant comme l’agent du TikTokeur a précisé que celui-ci n’avait perçu aucune rémunération puis qu’ « aucun contact ne l’a approché, il a simplement réagi à des faits d’actualité ». La vidéo n’a pas fait beaucoup d’engagements : 1889 vues, 20 commentaires et 4 partages, explique le journal.
Investigations encore en cours sur le montage de l’opération
Lors de son audition, Jean-Noël Barrot, a ajouté : « les investigations sont en cours et nous appelons les créateurs de contenus, comme leurs abonnés, à la plus grande vigilance sur ces menaces qui pèsent sur notre débat public ».
La source de nos collègues cite aussi d’autres exemples d’influenceurs européens embarqués dans l’opération. Un TikTokeur britannique musulman spécialisé dans les vidéos sur la religion aurait été poussé par la propagande russe, par exemple, a partagé une vidéo dénonçant le « racisme anti-Noirs en Ukraine » au début de l’invasion du pays alors que « des ressortissants de pays africains se plaignaient de se voir refuser l’accès aux trains pour quitter le pays », explique le Monde. Une influenceuse « lifestyle » espagnole sur Instagram aurait aussi participé à l’opération.
Le montage de cette campagne n’est pour l’instant pas connu, mais il rappelle le financement d’un réseau de désinformation d’extrême-droite américain financé par Russia Today. En septembre dernier, Le ministère de la Justice américain (DOJ) a annoncé la saisie de 32 sites web ayant contribué à plusieurs opérations de désinformation russe lors de la présidentielle américaine.
La Russie continue à vouloir brouiller l’information en Europe notamment via les réseaux et les influenceurs. Mais la proportion entre le nombre de producteurs de contenus contactés et ceux qui acceptent semble aussi faible que l’engagement liés à ces contenus de propagande.
Interrogé par nos confrères, TikTok a seulement rappelé sa politique en matière de médias contrôlés par un État et précisé que ses« équipes de sécurité consacrées à la guerre en Ukraine [avaient] supprimé 41 191 vidéos, dont 87 % enfreignaient les règles sur la désinformation ».