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IRIS² : l’Europe lance officiellement sa constellation de satellites de communication

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Constellation du Taureau
IRIS² : l’Europe lance officiellement sa constellation de satellites de communication

La Commission européenne a signé un accord de concession avec le consortium SpaceRINSE, initiant douze ans de travaux industriels pour le lancement de la future constellation IRIS².

Les travaux pour la création de la future constellation européenne IRIS² (Infrastructure de Résilience et d’Interconnexion Sécurisée par Satellites) sont officiellement lancés. Après deux ans de complexes négociations, l’Union européenne a initié le 16 décembre les travaux industriels qui lui permettront de se doter de sa propre constellation de communication. 



Face à l’avance prise par Starlink (SpaceX) et Kuiper (Amazon) et au contexte géopolitique et économique, la position de l’Union européenne, qui soutenait en 2021 une proposition britannique à l’ONU pour que l’espace reste « un environnement pacifique, sûr, stable et durable, à l’abri d’une course aux armements et de conflits » a nettement évolué. L’enjeu, désormais, est de faire d’IRIS² sa constellation souveraine.

Concrètement, l’Union européenne et l’Agence spatiale européenne (ESA) ont signé un accord de concession de douze ans avec le consortium SpaceRISE. Dirigé par les opérateurs français Eutelsat, luxembourgeois SAS et espagnol Hispasat, il réunira aussi les fabricants de satellites que sont Airbus Défense et Espace, Thales Alenia Space, OHB, Telespazio, Deutsche Telekom, Orange, Hidesat et Thales SIX.

Un projet à 10,6 milliards d’euros

À l’origine, la commission avait engagé les négociations directement avec les fabricants de satellites. C’est finalement un partenariat public-privé de 10,6 milliards d’euros qui est conclu (contre 6 milliards au départ), incluant l’investissement de 4,1 milliards d’euros des opérateurs.

Si l’Allemagne a tenté de faire réviser le projet pour en baisser les coûts, la Commission a maintenu son projet, le commissaire européen à la défense et à l’espace Andrius Kubilius soulignant son important pour l’autonomie stratégique de l’Europe.

En 2023, la Commission s’était engagée à investir 2,5 milliards d’euros d’ici 2027. Auprès du Monde, elle assure que de nouveaux investissements seront chiffrés dans les prochains budgets multiannuels – à défaut de quoi, I’Union devra revoir à la baisse ses ambitions pour IRIS².

Parmi les autres financeurs, l’ESA doit investir 550 millions d’euros.

292 satellites pour une constellation

Auprès de La Tribune, la directrice générale d’Eutelsat Eva Berneke indique : « Nous considérons que nous démarrons une constellation qui va durer 50 ou 100 ans, et non pas uniquement 12 ans ». À son opérateur, avec ses partenaires, d’organiser la fabrication de 292 satellites – 10 ultralégers pour l’orbite basse, 264 de 750 kilos destinés à l’orbite moyenne, et 18 de 2 tonnes pour l’orbite haute.

Tous doivent être déployés grâce à 13 lancements de la fusée Ariane 6, pour une mise en service « prévue en 2030, voire en 2031 », selon Eva Berneke. Pour le moment, Starlink à plus de 6 000 satellites en orbite (et enchaine les lancements à grande vitesse), tandis qu’Amazon n’a lancé que des démonstrateurs pour Kuiper (les premiers satellites commerciaux ne devraient plus tarder). Amazon prévoit plus de 3 000 satellites dans un premier temps pour passer ensuite à plus de 7 700.

Outre leur utilité pour IRIS² et pour les enjeux de souveraineté, les commandes passées par SpaceRISE devrait servir un milieu qui souffre du succès des constellations de petits satellites poussés par Starlink.

En septembre, des salariés de Thales Alenia Space se mobilisaient ainsi contre la suppression de 980 postes. Début décembre, Thales Alenia Space et Airbus Defence & Space annonçaient la suppression de près de 4 000 emplois (par mutation interne et départs en retraite) à travers l’Europe pour les deux prochaines années.

Avec IRIS², des mots même d’Eva Berneke, « l’Europe ne va pas rattraper Stalink. Ni Kuiper, qui a prévu de mettre sa constellation en 2028. » Elle travaille néanmoins à développer sa propre « capacité souveraine », en permettant notamment des transmissions haut début sécurisées.

D’après la Commission, cela permettra le déploiement d’une variété d’applications gouvernementales, dans les domaines « de la surveillance (surveillance aux frontières et maritime), de la gestion de crise (comme l’aide humanitaire), de la connexion et de la protection d’infrastructure clés et de la sécurité et de la défense ».

Arriver en troisième position (si IRIS² ne se fait pas coiffer au poteau) après Amazon et SpaceX n’est pas sans contrainte. En effet, dans la course aux constellations de basses altitudes car « les premiers qui vont arriver, se déployer et avoir le droit d’émettre laisseront peut-être de la place à un deuxième acteur qui devra se coordonner par rapport au premier suivant les règles de priorité », expliquait il y a un an Didier Le Boulc’h (vice-président strategy et telecoms solution chez Thales Alenia Space). La situation se complique un peu plus avec le 3ᵉ arrivant, et ainsi de suite. Il est donc important pour l’Europe d’avancer rapidement.


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