Falsche Nachrichten
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Un homme déjà identifié derrière une campagne de désinformation en amont des élections états-uniennes a été ré-identifié par Newsguard et Correctiv derrière un réseau de 102 sites générés par IA.
Ancien marine états-unien installé à Moscou, John Mark Dougan s’est lancé en juillet 2024 dans la création de faux sites alimentés par IA pour relayer de la désinformation pro-russe en langue allemande. Le 6 novembre, le chancelier Olaf Scholz a annoncé l’éclatement de la coalition gouvernementale et la tenue de nouvelles élections, le 23 février prochain.
Depuis, John Mark Dougan a accéléré le mouvement, avec pas moins de 102 faux sites internet à son actif. Une copie exacte du modus operandi qu’il avait adopté à destination de son pays d’origine, selon Newsguard. En amont des élections présidentielles, l’homme avait fabriqué de toutes pièces un réseau de 171 sites en anglais où de fausses informations sur l’Ukraine et la promotion des intérêts russes avaient déjà amassés 37 millions de vues en mai 2024.
Habitué des campagnes de désinformation
L’homme derrière l’opération ? John Mark Dougan, un ancien shérif adjoint de Floride qui a fui à Moscou lorsqu’il s’est retrouvé poursuivi pour hacking et extorsion. De la même manière que ses sites anglophones imitaient de réels médias états-uniens, celui-ci a cette fois-ci créé des sites portant les noms de journaux historiques mais actuellement disparus, comme le Berliner Tageblatt ou le Hamburger Anzeiger, ou autres titres de nature à tromper les internautes.
Le contenu des sites semble généré par IA, reprenant, sans les citer, les productions d’autres médias allemands. Comme toujours dans les opérations de désinformation liées à la Russie, les récits amplifiés consistent à promouvoir des intérêts peu alignés avec ceux de l’OTAN et de l’Ukraine. En l’occurrence, le réseau de faux sites étudié par Newsguard et Correctiv promeut des propos eurosceptiques et soutient régulièrement le parti d’extrême-droite Alternative für Deutschland, aux positions nationalistes et anti-Union Européenne.
Les publications ciblent aussi régulièrement des partis traditionnels comme Les Verts, qui militent pour l’indépendance énergétique de l’Allemagne vis-à-vis de la Russie. Newsguard a par ailleurs identifié trois fausses informations qui semblent avoir émergé de ce réseau de sites : une selon laquelle un homme prostitué aurait fourni ses services à la ministre allemande des Affaires étrangères lors de ses visites en Afrique, une autre selon laquelle une femme aurait été agressée sexuellement par un candidat du parti écologiste allemand, et une troisième selon laquelle l’Allemagne prévoirait d’accueillir 1,9 million de travailleurs kényans.
Dans les trois cas, Newsguard relève une tactique de diffusion via les contenus d’information sponsorisés, dans des médias africains pour masquer l’origine russe de la campagne. De même, les allégations d’abus sexuels pour tenter de discréditer des personnalités publiques est une tactique déjà utilisée dans la précédente campagne à laquelle a participé Dougan.
Interrogé par Newsguard, John Mark Dougan indique n’être ni « associé », ni « payé », ni « travailler pour ou recevoir d’argent du GRU (le renseignement militaire russe, ndlr) ni d’aucune entité du gouvernement russe. » Plusieurs médias américains dont le Washington Post et CNN ont néanmoins démontré par le passé que Dougan faisait partie de l’opération d’influence russe « Storm-156 », telle que l’a nommée Microsoft. Cette dernière semblait émaner de l’Internet Research Agency, une ferme à trolls russes.