You're fired

Vingt et un fonctionnaires fédéraux ont signé leur démission collective dans une lettre adressée à la Maison Blanche. Ils déclarent refuser de participer à la fragilisation des systèmes de l’administration et au démantèlement des services publics.
MàJ 09:59 : ajout des propositions de lois démocrates
Près du tiers des membres de la « commission pour l’efficacité gouvernementale » (DOGE) pilotée par Elon Musk ont présenté leur démission collective dans un courrier adressé à la Maison Blanche ce 25 février.
« Nous avons juré de servir le peuple américain et de respecter notre serment au fil des administrations au pouvoir. Néanmoins il est devenu évident que nous ne pouvons plus honorer ces engagements », écrivent ces vingt et un fonctionnaires de l’État fédéral dans une lettre consultée par l’AFP.
« Nous n’utiliserons pas nos compétences techniques pour fragiliser les systèmes informatiques gouvernementaux cruciaux, compromettre les données sensibles des Américains, ou démanteler des services publics essentiels », insistent-ils encore.
Prise en main brutale de l’US Digital Service
Historiquement, ces personnes travaillaient pour le United States Digital Service (USDS), un service chargé de la transformation numérique de l’administration états-unienne. Après 10 ans d’exercice, l’USDS s’est retrouvée absorbée au DOGE en ce début d’année 2025.
Associés aux décisions radicales du DOGE depuis plusieurs semaines, les agents démissionnaires décrivent avoir, eux aussi, subi des méthodes de travail brutales. Dès le lendemain de l’investiture de Trump, les démissionnaires rapportent avoir passé des « entretiens de 15 minutes avec des individus portant des badges de visiteur de la Maison Blanche ». Plusieurs ont « refusé de décliner leur identité », mais les ont « interrogés à propos de loyauté politique, ont tenté de nous monter les uns contre les autres, et ont montré leurs compétences techniques limitées ».
Le 14 février, « un tiers de nos collègues ont été licenciés de manière discrétionnaire par un courriel anonyme », des fonctionnaires « hautement qualifiés, qui œuvraient à moderniser » la sécurité sociale et les soins de santé – les programmes Medicare et Medicaid sont l’objet de l’immixtion du DOGE depuis le début du mois.
Le 16, ils étaient officiellement incorporés au DOGE.
Le DOGE « en contradiction avec sa mission affichée »
À quelques jours de la demande formulée par Elon Musk aux 2,3 millions d’agents fédéraux de justifier de leur travail de la semaine passée, ces agents très proches du fonctionnement de la « commission de l’efficacité gouvernementale » soulignent encore : « Les actions du DOGE – licenciements d’experts techniques, mauvaise manipulation de données sensibles, casse de systèmes informatiques majeurs – entrent en contradiction avec sa mission affichée de « moderniser la technologie et les logiciels fédéraux et maximiser l’efficacité et la productivité gouvernementales » ».
Elon Musk a déclaré que si ces fonctionnaires n’avaient « pas démissionné, ils auraient été virés ».
Le jour même, la Chambre des représentants a voté à 217 voix contre 215 la feuille de route budgétaire qui permettra à Donald Trump d’opérer une réduction de 4 500 milliards de dollars d’impôts et de réduire les dépenses de 2 000 milliards de dollars sur les dix prochaines années. Unanimement contre, les démocrates ont dépeint le projet comme une trahison des électeurs à faible et moyen revenus au profit des « donateurs milliardaires ».
Des parlementaires démocrates viennent d’ailleurs de déposer deux nouveaux textes de lois, le « BAD DOGE Act », pour « Bolstering America’s Democracy and Demanding Oversight and Government Ethics Act », et le « LEASH DOGE Act », pour « Legislative Enforcement Against Setbacks from Harmful DOGE Actions Act », pour contrôler les actions d’Elon Musk et de son comité. Le premier cherche à bloquer purement et simplement le décret à l’origine du DOGE, le second demande des comptes des actions du comité et de son dirigeant.