Pierre de vision

L’Otan vient de s’équiper d’une « plateforme de combat basée sur l’IA », capable de traiter et d’exploiter les innombrables informations nécessaires à la prise de décision sur les terrains opérationnels. La solution, baptisée Maven Smart System, est fournie par Palantir, qui équipe déjà le Pentagone, la Défense américaine ou l’armée israélienne.
L’Otan met officiellement un pied dans la guerre assistée par IA. L’organisation a en effet annoncé très officiellement lundi l’acquisition de la solution d’intégration, de fusion et d’analyse de données Maven Smart System (MSS), éditée par Palantir, le spécialiste américain du secteur cofondé en 2003 par Peter Thiel et Alex Karp.
Objectif affiché ? Améliorer les capacités de prise de décision du Commandement allié Opérations (ACO), responsable de la planification et de l’exécution de toutes les opérations militaires pilotées par l’Otan.
« En fournissant à l’Alliance une capacité de combat commune basée sur les données, grâce à un large éventail d’applications d’IA – des grands modèles de langage (LLM) à l’apprentissage génératif et automatique –, [le système] améliore la fusion et le ciblage du renseignement, la connaissance et la planification de l’espace de combat, et l’accélération de la prise de décision », décrit l’organisation dans un communiqué.
À ce stade, l’Alliance ne précise pas le périmètre opérationnel de ce Maven Smart System. Elle souligne en revanche à quel point le dossier a été rapidement bouclé. « L’acquisition du MSS Otan a été l’une des plus rapides de l’histoire de l’Otan, six mois seulement s’étant écoulés entre la définition du besoin et l’acquisition du système », déclare-t-elle, avant d’annoncer une mise en œuvre sur le terrain sous seulement trente jours.
Ce déploiement express risque d’interroger à plus d’un titre. D’abord, parce qu’il intervient dans un contexte de fortes tensions géopolitiques au sein de l’Alliance. Le choix de Palantir comme prestataire pourrait dans ce contexte être perçu comme un risque d’interférences avec les velléités de souveraineté des états membres européens comme la France – sans même parler de la réputation sulfureuse de l’entreprise et des multiples accusations de violations des droits de l’homme dont elle fait l’objet. Ensuite, parce que Maven sera mis en œuvre alors même qu’une guerre fait rage sur le continent européen. Enfin, parce que le débat éthique soulevé par la question de la guerre assistée par IA est encore loin d’être tranché…