Poupées russes
En ligne, la campagne de désinformation Matriochka sévit depuis près d’un an, usurpant l’identité de médias et d’institutions et détournant l’attention des fact-checkeurs. En France, elle a notamment diffusé des contenus de décrédibilisation du soutien à l’Ukraine et l’idée que les Jeux Olympiques et paralympiques 2024 seront un échec.
Depuis fin 2023, une campagne malveillante touche l’espace public numérique francophone et mondial. Surnommée « Matriochka » (c’est-à-dire poupées gigognes) par le collectif « antibot4navalny », la campagne vise avant tout les médias, équipes de fact-checkeurs en tête, dans une logique de diversion.
Le principe : commencer par déverser des contenus de désinformation anti-ukrainienne, qui usurpent généralement l’identité de personnalités nord-américaines ou européennes ou se font passer pour des médias de ces mêmes régions. Ensuite, appeler les médias occidentaux à vérifier la véracité de certaines d’entre elles.
Auprès de l’Agence France-Presse, le mathématicien et directeur de recherche au CNRS David Chavalarias estimait début 2024 qu’il s’agissait d’une « entreprise de diversion » qui occupent les journalistes sur des sujets difficiles à vérifier. Il pouvait aussi s’agir, selon lui, d’une manière d’amplifier la portée de cette désinformation par l’intermédiaire de la diffusion de fact-checks.
Dans un rapport publié ce 10 juin, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères de l’État Viginum estime que « l’objectif de cette campagne est probablement de décrédibiliser les médias, personnalités et cellules de fact-checking ciblés tout en promouvant des contenus servant les intérêts russes ».
Elle considère que « les critères d’une ingérence numérique étrangère apparaissent réunis » et alerte sur la probabilité que le mode opératoire de cette campagne évolue « durant les mois à venir pour améliorer la furtivité de ses procédés, piéger un plus grand nombre de cibles, ou atteindre une audience plus large ».
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