En voie de cicatrisation
Il y a un an, Unity annonçait une salve de changements pour son modèle de tarification. Un virage brusque, instantanément impopulaire, notamment à cause d’une nouvelle ponction, la Runtime Fee. Dans un billet, le PDG de l’entreprise a annoncé sa disparition immédiate et un retour à l’ancien modèle de tarification. En compensation, les prix augmentent.
Le changement brutal de tarification, annoncé en septembre 2023, avait pris de court les développeurs et éditeurs de jeux vidéo. Tout à coup, Unity – célèbre pour son moteur de rendu – facturait en fonction du nombre d’installations des jeux, avec effet rétroactif.
La polémique avait été si intense que le PDG, John Riccitiello, avait été limogé. Il avait perdu ses postes de directeur général et de président du conseil d’administration.
L’entreprise avait mis un peu d’eau dans son vin quelques semaines plus tard. La rétroactivité des installations avant janvier 2024 avait été abandonnée. En outre, un palier de 2,5 % du chiffre d’affaires avait été instauré pour plafonner le coût de la redevance. Mais les développeurs et éditeurs restaient en colère. Beaucoup avaient indiqué qu’ils ne changeraient plus de version du moteur Unity pour ne pas subir la nouvelle tarification.
Ils attendaient donc une vraie rupture. Dans un billet publié jeudi soir, Matt Bromberg, l’actuel PDG de Unity, a présenté une série de mesures pour restaurer la confiance et redorer le blason d’Unity, largement terni.
La Runtime Fee disparait
La première et la plus importante est l’abandon de la Runtime Fee, avec « effet immédiat ». Bromberg explique dans le billet qu’il s’entretient depuis plusieurs mois avec les clients et affirme avoir entendu la plupart.
Bien que l’on ne connaisse pas le détail de ces discussions, il est évident que la Runtime Fee était au cœur des problèmes. Son abandon n’est pas une surprise, les appels au boycott et les annonces de changement de crèmerie s’étaient multipliés depuis un an, malgré un léger assouplissement peu après l’annonce initiale.
La disparition de cette redevance signifie un retour à l’ancienne tarification, basée sur les postes de développement des développeurs et éditeurs. Elle signifie également une augmentation des tarifs pour compenser la perte.
Unity Personal, Pro et Enterprise : ce qui change
L’offre gratuite Unity Personal va le rester, mais ses conditions sont assouplies. Le seuil des gains financiers annuels va être doublé, passant de 100 000 à 200 000 dollars. Tant que les développeurs et éditeurs restent dans cette fourchette, ils peuvent continuer à employer l’offre Personal pour leurs projets commerciaux. En outre, avec l’arrivée d’Unity 6 d’ici la fin de l’année, l’écran « Made with Unity » va devenir facultatif.
Au 1ᵉʳ janvier 2025, les abonnements payants verront leur tarif augmenter. L’offre Pro devient obligatoire dès que les gains annuels générés par les jeux dépassent les 200 000 dollars. Son tarif va passer à 2 200 dollars par poste, soit une augmentation de 8 %.
L’offre Enterprise voit de son côté son prix bondir de 25 %. Elle ne devient en revanche obligatoire que lorsque les gains annuels dépassent les 25 millions de dollars. Ces clients, spécifiques et peu nombreux, seront contactés « dans les jours à venir » pour évoquer la situation et leur proposer « des packages personnalisés ».
Changement de stratégie tarifaire
« J’ai pu entrer en contact avec une grande partie d’entre vous au cours de ces trois derniers mois et j’ai entendu maintes fois que vous souhaitiez que Unity reste fort, et que vous compreniez qu’une augmentation de prix est une nécessité qui nous permet d’investir dans la progression du secteur du gaming. Mais cette augmentation ne doit pas voir le jour sous une nouvelle forme inédite et controversée », affirme Matt Bromberg dans le billet d’annonce.
Comme il l’ajoute peu après, l’augmentation des tarifs pour les offres Pro et Enterprise est destinée à permettre à Unity de croitre. Le PDG introduit d’ailleurs une autre annonce importante : ces tarifs seront révisés sur une base annuelle. C’était à prévoir, car la situation financière de l’entreprise était précaire. L’hiver dernier, elle avait procédé à de nombreux licenciements.
L’idée était donc de permettre à Unity de repartir sur des bases saines pour générer de la croissance, tout en aplanissant les relations avec les développeurs et éditeurs de jeux, fortement dégradées depuis l’automne de l’année dernière. Avantage d’ailleurs de la révision annuelle des tarifs, une prévisibilité pour les professionnels concernés. Jusqu’à présent, Unity se réservait le droit de modifier ses tarifs et conditions d’utilisation n’importe quand.
À voir maintenant si ces changements seront suffisants pour restaurer la confiance perdue avec les développeurs et éditeurs.