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Qwant lance un programme de fidélité, en attendant sa future techno de recherche

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Qwant lance un programme de fidélité, en attendant sa future techno de recherche

Qwant, chantre historique du respect de la vie privée, lance un « programme de fidélité » qui propose de gagner jusqu’à 10 euros par semaine, en échange d’une utilisation régulière de son moteur de recherche et d’un consentement sur les données personnelles. Un grand écart parfaitement assumé par l’entreprise, qui, à cette occasion, précise à Next ses développements parallèles en matière d’IA et de recherche.

Mis en ligne discrètement dans le courant de l’été, le nouveau programme de fidélité de Qwant fait désormais l’objet d’une communication officielle. « Le principe est simple : faites des recherches, gagnez des points et grimpez au classement, recevez jusqu’à 10 euros. Et ça toutes les semaines », annonce le moteur de recherche.

Pourquoi ce lancement en deux temps ? « On avait besoin de roder un peu la mécanique, notamment pour être sûr de privilégier les utilisateurs réguliers et loyaux aux opportunistes », répond à Next Olivier Abecassis, ancien responsable de l’innovation et du numérique chez TF1, devenu directeur général de Qwant en octobre 2023. Cette nomination suit pour mémoire le rachat de Qwant par les frères Klaba (Miroslaw et Octave Klaba à 75 %, avec la Caisse des dépôts et consignations à 25 %), au sein d’une coentreprise, Synfonium, qui détient également le service Shadow.

1 à 10 euros à gagner, pour 1 320 participants

Si l’entreprise communique sur un gain maximal de 10 euros par semaine, n’espérez pas atteindre le plafond tous les sept jours. Seuls les dix premiers du classement ont droit à 10 euros, on passe ensuite à 5 euros et même à 1 euro seulement à partir de la 27e position et jusqu’à la 1320e. Au total, Qwant distribue donc un peu moins de 1 500 euros par semaines, soit 6 000 euros par mois environ.

« Les récompenses reçues chaque lundi vont directement dans votre porte-monnaie Qwant. Vous pouvez transférer votre argent sur votre compte bancaire personnel dès que vous avez atteint la somme de 5 euros. Attention ! Une fois les 5 euros atteint, vous avez trois mois pour retirer votre argent avant qu’il n’expire », explique Qwant.

Des mécaniques incitatives

Le système de récompenses prend la forme d’un classement, au sein duquel l’utilisateur monte en utilisant Qwant pour ses recherches, sous réserve qu’il soit connecté à son compte et qu’il ait consenti au traitement des données publicitaires. Le calcul des points intègre à la fois des mécaniques incitatives (utiliser Qwant à la fois sur un ordinateur et sur un téléphone via l’application dédiée est valorisé) et des protections contre le spam.

Le règlement donne quelques précisions supplémentaires : il faut par exemple 30 secondes entre deux recherches pour que celles-ci soient comptabilisées, et les points rapportés par une recherche diminuent progressivement au fur et à mesure que le volume augmente.

Qwant se réserve par ailleurs la possibilité d’utiliser des critères secondaires pour départager les utilisateurs de son programme, parmi lesquels la fréquence de participation, les créneaux horaires pendant lesquels les recherches ont été effectuées, ou « toute autre métrique jugée pertinente ».

La société prévient enfin que chaque virement des gains sera associé à des frais bancaires de 0,70 centime, automatiquement déduits du montant transféré par le prestataire de paiement, Memo Bank.

« Participez à notre modèle économique basé sur la publicité »

Pour gagner des points et participer au programme, l’internaute doit évidemment surfer connecté à son compte Qwant, mais il doit aussi et surtout impérativement donner son consentement publicitaire. Une contrepartie parfaitement assumée par le moteur de recherche.

« À travers ce programme de fidélité, nous avons décidé de partager avec nos utilisateurs la valeur issue des revenus publicitaires que nous générons sur Qwant, et cela car vous êtes au centre de l’expérience et du modèle économique de notre moteur de recherche. En étant identifié, vous permettez une meilleure valorisation des espaces publicitaires affichés et nous avons décidé de vous redistribuer une partie de cette plus-value », explique Qwant.

De quoi motiver un petit détour par la politique de confidentialité associée au programme. De façon classique, Qwant explique que lors de votre utilisation du programme, des identifiants techniques sont récoltés (identifiant de cookie et adresse IP) ainsi que des caractéristiques techniques relatives à l’appareil utilisé (smartphone, ordinateur, version de l’OS, langue, date et heure du système, etc.). Ces données sont par ailleurs toujours agrégées par Qwant puis transmises à Microsoft, du fait de l’utilisation de Bing, qui conserve l’adresse IP en intégralité pendant six mois, puis « les identifiants de cookies et autres identifiants intersessions qui sont utilisés pour identifier un compte » pendant 18 mois.

Contrairement aux sites médias qui multiplient les centaines de cookies (Next aura l’occasion d’y revenir dans de prochains articles !), le moteur affiche ici une liste de partenaires limitée en ce qui concerne le traitement de ces données, dont le principal n’est autre que Microsoft Advertising, la régie publicitaire de Qwant, qui pousse également le consentement sur Clarity, son outil d’analyse comportementale.

Les cookies associés ont ici vocation à permettre à des partenaires publicitaires de vous afficher des publicités personnalisées, tandis que l’analyse comportementale, qui ne répond pas aux appels Do Not Track, mesure les performances associées et les réactions suscitées par les réclames.

Sans consentement préalable et au titre de l’exécution du contrat, les « Données de compte fidélité » sont par ailleurs partagées aux partenaires suivants : Memo Bank (pour les virements), Batch (prestataire des pushs notification de l’application Qwant), Shadow (administration du compte fidélité seulement) et Datadome (prestataire de sécurité, notamment chargé de la lutte contre l’abus de ressources). Bref, rien de radicalement différent de la version avec pub et consentement du moteur de recherche.

Encourager une navigation connectée

Le programme s’affiche désormais de façon très visible dès la page d’accueil de Qwant, avec la promesse d’1 euro offert dès l’inscription. Il jouxte l’autre nouveauté récente lancée par le moteur de recherche en mai dernier : la possibilité de bénéficier de réponses générées par une IA au sein des résultats de recherche, sous réserve de surfer connecté à son compte. Dans les deux cas, la société utilise une mécanique incitative pour encourager l’utilisateur à lui donner son consentement (facultatif dans le cas de l’IA).

La démarche, qui s’entend d’un point de vue économique, peut cependant surprendre, dans la mesure où Qwant a longtemps fait de la défense de la vie privée son cheval de bataille. Les deux logiques ne seraient cependant pas incompatibles selon le moteur, qui se retranche derrière le choix laissé à ses utilisateurs. « Pour accéder au programme de fidélité, il faut accepter de donner votre consentement. Par contre, notez que même en refusant le consentement, TOUTES les autres fonctions restent disponibles avec le mode le plus élevé de privacy possible du marché », promet ainsi l’un des porte-paroles de Qwant sur le Discord du moteur.

Une équation économique alternative

« La vision de la vie privée se joue à deux niveaux », explique à Next Olivier Abecassis :

« Ceux qui ont un problème de fond avec la donnée, soit 90% de l’utilisation de Qwant, et ceux qui sont en ligne avec l’idée selon laquelle un service qui utilise la donnée peut proposer une meilleure qualité. Parmi ces derniers, il y a des gens qui pensent que l’équation économique n’est pas totalement juste si elle va vers le cours de bourse du leader. De la même façon que certains essaient de rediriger une partie de l’équation vers une cause environnementale, par exemple, nous essayons de le partager en direction de l’utilisateur, ce qui n’avait pas encore été fait. »

Les tests conduits entre août et octobre se seraient révélés « suffisamment probants », même si Qwant ne donne à ce stade aucun chiffre. « Nous attendons bien sûr de voir, mais les gens ont réagi », commente le directeur général.

L’IA comme fondation des prochains outils de recherche

Introduite en mai dernier, sous forme d’un module de réponse rapide, l’IA générative devait constituer l’un des grands chantiers stratégiques de Qwant en 2024, et l’entreprise, qui réunit aujourd’hui une équipe de 70 personnes, continue ses travaux sur le sujet, nous confie Olivier Abecassis :

« Il y a un vrai avantage à être un moteur de recherche quand il s’agit d’identifier les sources les plus pertinentes pour répondre aux questions d’un internaute. La version actuelle de notre module fonctionne mais elle propose des réponses courtes, pas toujours assez complètes, nous travaillons donc sur une nouvelle version beaucoup plus exhaustive qui sortira dans les prochaines semaines. »

L’autre grand sujet d’interrogation, c’est bien sûr celui du développement d’une technologie de recherche propre à Qwant, promis dès 2023 par les nouveaux repreneurs, alors que le moteur exploite encore les outils de Bing (Microsoft), dont il n’a jamais réussi à se départir.

« Nous travaillons intensément depuis un an avec des progrès considérables et déjà des résultats encourageants, même si ça n’est pas encore branché. Nous n’avons ni les moyens, ni même l’ambition d’atteindre la qualité de Google, mais on pense pouvoir faire quelque chose de vraiment bien pour l’utilisateur », indique le directeur général.

L’IA sera-t-elle l’un des piliers de cette promesse ? « Il y a une appétence du marché, certains accords rebattent les règles et on voit bien que le combo recherche et IA générative va créer une forme d’hybridation autour de laquelle Qwant va essayer des choses ».


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