Des GPU partout ?
Le leader de l’industrie des semi-conducteurs et ses sous-traitants commencent à réfléchir à leur futur, lorsqu’un éventuel ralentissement des dépenses consacrées aux datacenters utilisés par l’IA arrivera. L’entreprise envisage notamment de se tourner vers la robotique. Son sous-traitant, Advantest, évoque lui les puces de smartphones qui pourront faire tourner des petits modèles localement.
Pour l’industrie des semi-conducteurs, il est temps de réfléchir au moment où les grands groupes du numérique ralentiront leurs dépenses dans les IA et les datacenters qui les font tourner.
Advantest est une entreprise japonaise qui commercialise depuis plus de cinquante ans des dispositifs de tests de semi-conducteurs. Depuis deux ans, elle a profité, comme son client principal NVIDIA, de l’incroyable développement de l’IA générative à travers le monde, car elle en est un des acteurs indispensables : elle contrôle plus de la moitié de son marché mondial.
Anticiper la fin d’un cycle
Mais depuis quelque temps, le milieu de l’économie du numérique débat sur l’idée que la frénésie autour de l’IA générative pourrait être une bulle qui, par définition, risque d’éclater à un moment donné.
Doug Lefever, le CEO d’Advantest, déclarait jeudi au Financial Times : « Je n’aime pas utiliser le mot « bulle » parce qu’il implique qu’elle va disparaître, mais il y aura des cycles. […] Lorsque le prochain cycle arrivera, il pourrait être très violent ».
Le responsable de l’entreprise japonaise essaye donc d’envisager d’autres débouchés pour son entreprise. Il suggère que le marché des puces pour faire tourner de petits modèles d’IA générative sur les smartphones pourrait se développer : « tout le monde retient son souffle, attendant l’application qui fera mouche avec les combinés à intelligence artificielle… si cela se produit et que les gens commencent à remplacer leurs téléphones, ce sera la folie », explique-t-il au journal économique américain.
La robotique pourrait connaître son « moment ChatGPT »
De son côté, NVIDIA se penche plutôt vers la robotique. Deepu Talla, le vice-président de la branche robotique du leader de la conception de semi-conducteurs, assure au Financial Times que son secteur va vivre un moment digne de celui qu’ont connu les IA génératives ces derniers temps : « le moment ChatGPT pour l’IA physique et la robotique est proche » affirme-t-il au journal en ajoutant que le marché aurait atteint un « point de bascule ».
Pour NVIDIA, la diversification vers d’autres marchés que celui des datacenters et d’autant plus important que l’entreprise voit la compétition dans ce secteur s’accélérer avec les puces d’AMD et les entreprises comme OpenAI qui envisagent de créer leurs propres semi-conducteurs.
Selon Deepu Talla, l’intégration des modèles d’IA générative dans la robotique et la possibilité d’entrainer les robots sur des environnements simulés changeraient la donne. Cela permettrait de résorber le « fossé entre la simulation et la réalité » qui existe dans le domaine depuis longtemps.
L’acquisition de Run:ai finalisée
NVIDIA réfléchit donc à d’autres sources de revenus pour, si ce n’est maintenir sa croissance, amortir la baisse de la frénésie autour de l’IA générative. Mais l’entreprise n’envisage pas que le marché du cloud computing s’effondre du jour au lendemain. Elle vient d’ailleurs de finaliser l’acquisition de la start-up Run:ai spécialisée dans la virtualisation et l’orchestration de GPU, comme l’indique un communiqué de la startup. Celle-ci a été validée récemment par l’Europe.
Dans son communiqué, Run:ai explique aussi qu’à l’occasion de ce rachat, elle va ouvrir le code de son logiciel : « alors que Run:ai ne prend actuellement en charge que les GPU NVIDIA, l’ouverture du code du logiciel permettra d’étendre sa disponibilité à l’ensemble de l’écosystème de l’IA », affirment les deux co-fondateurs de la startup Ronen Dar et Omri Geller. Comme le suggère Venture Beats, cette ouverture du code a sans doute été décidé parce qu’il est de plus en plus difficile pour NVIDIA d’acquérir de nouvelles entreprises alors qu’elle domine outrageusement le marché.