Du DTC made in Starlink
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Cela fait maintenant des mois que l’on parle de Direct-to-Cell ou Direct-to-Device, notamment suite aux annonces de Starlink. Cette fonctionnalité de communication par satellite débarque sur les iPhone aux États-Unis, tandis que l’Europe signe un partenariat avec Viasat. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
L’Agence spatiale européenne (ESA) et Viasat viennent d’annoncer un « accord visant à explorer un partenariat concernant un système satellitaire D2D (Direct to Device), visant à fournir une connectivité mobile à large bande à tout moment et en tout lieu ».
Puisqu’on est dans les acronymes, plongeons gaiement dedans et crevons l’abcès. Dans son communiqué, Viasat parle d’un « Non-Terrestrial Network (NTN) LEO Direct-to-Device (D2D) système » (sic) pour l’Europe et le reste du monde. Reprenons calmement.
Qu’est-ce qu’un Non-Terrestrial Network ?
Les Non-Terrestrial Network (NTN) sont, selon la 3GPP, « des réseaux ou des segments de réseaux qui utilisent soit des systèmes d’aéronefs sans équipage […] soit des satellites ». Plusieurs orbites sont possibles, certaines proches de la Terre, d’autres plus éloignées.
Des tentatives ont déjà été lancées par le passé, notamment avec les ballons connectés Loon de Google et le drone Aquila de Facebook, projets tous deux abandonnés depuis.
LEO : rappel sur les orbites, leurs avantages et inconvénients
LEO (pour Low Earth Orbit) désigne une des nombreuses orbites autour de la Terre. « C’est l’orbite la plus proche de la Terre, entre environ 300 km et 3 000 km d’altitude », précise le Centre national d’études spatiales. « C’est là où se trouvent la majorité (plus de 80 %) des engins artificiels : satellites d’observation, de météorologie, de télécommunications… », ajoute le CNES. Deux principales raisons : « moins d’énergie au lancement. Et cette proximité avec la Terre réduit les temps de trajet des communications entre la surface et l’engin ».
Avant l’arrivée des constellations LEO de type Starlink, il existait déjà depuis longtemps des communications par satellites pour accéder à Internet, mais sur des orbites géostationnaires à 36 000 km d’altitude. Le temps pour le signal de faire des allers-retours fait exploser la latence à plusieurs centaines de millisecondes. En étant 100 fois plus proche de la Terre, la latence est divisée par le double de ce même facteur.
En orbite géostationnaire, le satellite reste par contre toujours à la même place dans le ciel, alors que sur des orbites LEO il le traverse à grande vitesse, obligeant à multiplier les satellites et gérer des communications entre eux.
Direct-to-Device et Direct-to-Cell : c’est quoi, quelles différences ?
Enfin, Direct-to-Device est « une communication directe, qui ne nécessite pas le passage par le réseau cellulaire », explique l’Arcep. On parle aussi de Direct to Cell lorsqu’il s’agit d’un smartphone alors que Direct to Device s’applique à tous les objets connectés.
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Comment fonctionne le Direct-to-Cell de SpaceX
Direct-to-Cell est le nom utilisé par Starlink. La société a envoyé ses premiers satellites avec cette technologie début 2024. En pratique, ils disposent d’un modem LTE (eNodeB) « qui fonctionne comme une antenne-relai de téléphonie mobile dans l’espace ». Côté smartphone, « aucune modification du matériel, du logiciel ou des applications spéciales n’est nécessaire ».
« Moins de 6 jours après le lancement, nous avons envoyé et reçu nos premiers SMS vers et depuis des smartphones non modifiés », en utilisant le réseau de T-Mobile. Depuis, les partenariats se sont multipliés avec Rogers au Canada, Optus en Australie, One en Nouvelle-Zélande, KDDI au Japon, Salt en Suisse, Entel au Chili et au Pérou…
Direct-to-Device : cette année, Starlink s’ouvrira à l’IOT
Starlink annonce que les SMS sont déjà utilisables, tandis que les appels arriveront « prochainement ». Pour les données et l’IoT ca sera dans le courant de cette année. Le premier appel en Direct-to-Cell a été passé début 2024.
First video call on @X completed through @Starlink Direct to Cell satellites from unmodified mobile phones!
— SpaceX (@SpaceX) May 21, 2024
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Direct-to-Cell de Starlink chez T-Mobile : après Samsung, Apple
En décembre, T-Mobile ouvrait les inscriptions pour tester, en bêta, le Direct-to-Cell de Starlink. L’opérateur expliquait alors que 300 satellites compatibles étaient en orbite et rappelait que la FCC venait de donner son autorisation à cette expérimentation.
Seuls des smartphones Android (de chez Samsung qui plus est) étaient éligibles dans un premier temps. C’est désormais également possible sur les iPhone, comme le rapporte Reuters, à condition d’avoir la mise à jour 18.3 d’iOS.
Comme le précise MacRumors, des clients inscrit au programme reçoivent le message suivant : « Vous êtes dans la version bêta de T-Mobile Starlink. Vous pouvez désormais rester connecté en envoyant des SMS par satellite depuis pratiquement n’importe où. Pour commencer à profiter d’une couverture plus étendue, veuillez effectuer la mise à jour vers iOS 18.3 ».
Apple propose pour rappel depuis déjà un moment des SOS d’urgence par satellite, à partir des iPhone 14. La fonctionnalité est arrivée en France fin 2022, et permet « d’envoyer un message aux services d’urgence en l’absence de couverture réseau cellulaire ou Wi-Fi ».
T-Mobile cible la « grande majorité des smartphones modernes »
Cette fonctionnalité est limitée aux clients aux États-Unis pour le moment. Durant la phase bêta, elle est gratuite, mais le prix par la suite n’est pas précisé. L’opérateur prévoit, selon nos confrères, de déployer cette fonctionnalité sur la « grande majorité des smartphones modernes ».
L’Europe s’associe à Viasat pour son propre Direct-to-Device
Revenons maintenant à l’annonce entre Viasat et l’ESA : il s’agit de proposer une alternative au réseau de Starlink, avec du Direct-to-Cell et plus largement du Direct-to-Device. Viasat étant une société américaine, pour la souveraineté on repassera.
« Nous sommes engagés dans le développement de capacités spatiales Direct-to-Device basées sur la 3GPP et d’autres normes ouvertes pertinentes, en combinant les satellites GEO [orbite géostationnaire à 36 000 km, ndlr] existants avec une nouvelle constellation de satellites LEO qui répond aux besoins des utilisateurs en Europe et dans le monde entier », explique Mark Dankberg (CEO de Viasat).