HOLD up

Donald Trump a signé jeudi le décret ordonnant la création, sous trente jours, d’une réserve stratégique américaine de bitcoin, alimentée par les saisies de cryptomonnaies réalisées par les autorités états-uniennes. L’achat de bitcoin sur le marché n’est cependant pas à l’ordre du jour.
Cette fois, c’est officiel. « Les États-Unis ont pour politique de créer une réserve stratégique de bitcoins », stipule un décret présidentiel daté du 6 mars. Le document révèle que le gouvernement de Donald Trump prévoit la création d’une entité dédiée à la gestion de cette réserve. Avant même son installation officielle, les administrations états-uniennes se voient enjointes à lui faire parvenir, sous trente jours maximum, les bitcoins dont elles pourraient disposer.
Des bitcoins issus des saisies
« Ce décret souligne l’engagement du président Trump à faire des États-Unis la « capitale mondiale de la crypto » », s’est réjoui David Sacks, qui conseille principalement le président sur tous les aspects liés à l’IA et aux cryptomonnaies.
Contrairement à l’annonce formulée par Donald Trump sur les réseaux sociaux en début de semaine, la publication de ce décret n’a cependant pas eu d’impact positif sur le cours du bitcoin, qui a légèrement reculé et restait vendredi aux alentours de 90 000 dollars.
La raison de cet attentisme tient probablement à la façon dont le décret prévoit que soit capitalisée cette réserve. Dans un premier temps, elle se limitera en effet au recueil des bitcoins confisqués dans le cadre d’une procédure pénale ou civile, ou utilisés pour le règlement d’une sanction pécuniaire prononcée par une institution états-unienne.
Une stratégie de conservation à long terme
D’après David Sacks, ces actifs, encore en cours d’audit, devraient représenter environ 200 000 bitcoins, soit environ 18 milliards de dollars au cours actuel, qui « ne coûteront pas un centime au contribuable ».
Le « tsar des crypto » affirme par ailleurs que le gouvernement appliquera une stratégie de conservation à long terme. « Les ventes prématurées de bitcoins ont déjà coûté aux contribuables américains plus de 17 milliards de dollars en perte de valeur. Le gouvernement fédéral va désormais disposer d’une stratégie pour maximiser la valeur de ses avoirs », promet-il.
Le décret présidentiel confirme cette doctrine, indiquant que les bitcoins du gouvernement « ne seront pas vendus », mais « conservés en tant qu’actifs de réserve ».
Un « buy and hold »… sans le « buy »
S’il est prévu de conserver les bitcoins (hold), il n’est en revanche à ce stade pas prévu d’en acheter. « Le gouvernement n’acquerra pas d’actifs supplémentaires », indique David Sacks. La porte n’est toutefois pas totalement fermée.
« Le secrétaire au Trésor et le secrétaire au Commerce élaboreront des stratégies pour acquérir des bitcoins gouvernementaux supplémentaires, à condition que ces stratégies soient neutres sur le plan budgétaire et n’imposent pas de coûts supplémentaires aux contribuables américains », expose en effet le décret présidentiel, qui précise qu’une nouvelle action, exécutive ou législative, sera requise avant tout achat sur le marché.
Quid des autres cryptomonnaies ?
Alors que Trump évoquait en début de semaine une réserve stratégique composée de cryptomonnaies telles que Ripple (XRP), Solana (SOL) et Cardano (ADA), le texte officiel se concentre sur le seul bitcoin. Il est tout de même précisé que le ministère du Trésor a vocation à élaborer à un portefeuille dédié à la gestion des autres cryptoactifs que pourraient détenir les administrations états-unienne, mais c’est bien le bitcoin qui constitue, pour l’instant, le cœur du projet.
Avec une double justification : son caractère limité, puisque le protocole associé prévoit que seuls 21 millions de bitcoins soient mis en circulation, et sa sécurité intrinsèque. « Étant donné l’offre fixe de bitcoin, il y a un avantage stratégique à être parmi les premières nations à créer une réserve stratégique de bitcoins », estime la Maison Blanche.
L’annonce initiale de Trump avait suscité de nombreuses critiques, y compris dans son propre camp, qui se focalisaient principalement sur l’achat de cryptoactifs sur les marchés. Elles semblent avoir été entendues.