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Les bénéfices financiers et écologiques des territoires connectés

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Connecter oui, mais intelligemment
Les bénéfices financiers et écologiques des territoires connectés

Connecter les territoires, plus exactement les habitations et autres bâtiments du tertiaire, permettrait d’économiser de l’argent et des ressources. C’est en tout cas la conclusion du second observatoire des territoires connectés et durables. Encore faut-il se donner les moyens de lancer les projets.

La fédération Infranum (regroupement d’entreprises représentatives de l’ensemble des métiers de la filière des Infrastructures du numérique) et la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) ont mis en ligne leur second observatoire des territoires connectés.

En guise d’introduction, l’observatoire pose le décor : « Le réchauffement climatique et l’évolution du contexte politique et économique obligent les collectivités à relever des défis majeurs : raréfaction des ressources en eau, hausse des prix de l’énergie, nouvelles réglementations environnementales et, plus récemment, des contraintes budgétaires accrues ».

Le numérique, c’est un outil… il faut savoir s’en servir

Le numérique est présenté comme un levier concret, car il permet d’exploiter les données du terrain pour mieux comprendre ce qu’il se passe et agir en conséquence. En clair, « faire plus avec moins ». Mais cela oblige à dépenser des moyens. Avant de se lancer, l’objectif de cette étude est donc de vérifier « si, sur une période significative (10 ans), cet effort de transformation est mené, quels seraient les bénéfices réels pour les territoires ? ».

Les deux partenaires rappellent que, le numérique, « comme tous les outils, son empreinte environnementale est négative s’il est mal utilisé, positive s’il est bien utilisé ». Et afin de couper court à toute discussion sur le sujet, FNCCR et InfraNum affirment soutenir « le déploiement d’un numérique sobre, sécurisé, maitrisé par les collectivités ».

Plusieurs thématiques sont abordées : eau, énergie des bâtiments, éclairage public, points d’apport volontaire et incendie.

205 millions d’euros et 811 millions de m³ sur l’eau

Dans le cas de l’eau et des énergies dans les bâtiments, le premier objectif est le même : repérer des anomalies et alerter, mais aussi sensibiliser les consommateurs sur leur (sur)consommation. L’observatoire met en avant un autre gain dans le cas de l’eau : « réduire les coûts de déplacement en supprimant la relève manuelle » des compteurs. C’est déjà ce qui est en place pour l’électricité avec Linky et le gaz avec Gazpar.

Sur les 27,5 millions de compteurs d’eau en France, 18 % étaient en télérelevé en 2024. L’observatoire part sur une base de 36 % en 2030 et 53 % en 2035, avec des économies de 811 millions de m³ d’eau et 1 431 millions d’euros (dont 6 millions d’euros de carburant) d’ici à la clé.

Il faudrait pour cela 1 233 millions d’euros d’investissement, soit 205 millions d’euros d’économie sur 10 ans. Mais, en plus des économies (faibles comparées à l’investissement), l’observatoire affirme que connecter les compteurs d’eau répondrait « à l’urgence du stress hydrique », en détectant bien en amont les fuites.

731 millions d’euros d’économie avec les bâtiments connectés

Sur les 250 000 bâtiments publics, 12 % étaient connectés en 2024, selon le rapport. Avec l’hypothèse de tripler ce pourcentage et d’arriver à 36 % en 2035, l’observatoire prévoit des bénéfices de 1 113 millions d’euros dans 10 ans, pour des coûts assez mesurés (en comparaison) de 382 millions d’euros, soit 731 millions d’euros d’économie.

Pour l’observatoire, cela s’inscrit aussi dans les démarches du « décret tertiaire » ou « décret de rénovation tertiaire » de l’article 175 de la loi Elan. C’est « une obligation réglementaire engageant les acteurs du tertiaire vers la sobriété énergétique […] Il impose une réduction progressive de la consommation d’énergie dans les bâtiments et parties de bâtiments de 1 000 m², et plus, à usage tertiaire afin de lutter contre le changement climatique », explique le gouvernement.

Selon le rapport, les bâtiments connectés répondent à ce décret « en automatisant la remontée d’informations » permettant ainsi de « prioriser des travaux de rénovations grâce à une connaissance plus fine du parc de bâtiments ». Sur 10 ans, les économies en énergie pourraient atteindre 320 kt CO₂.

Gérer l’éclairage public à distance

Pour gérer l’éclairage public, 372 500 armoires de commande se trouvent sur le territoire, dont 24 % de connectés en 2024. L’objectif est d’atteindre un taux ambitieux de 60 % dans 10 ans, ce qui permettrait d’économiser du temps de technicien et de déplacement, en plus des économies d’énergie.

Le but est de pouvoir « régler l’intensité lumineuse ou éteindre des plages horaires […] rallumer en cas d’urgence à distance ou adapter la luminosité au cas par cas à distance, éviter les reprogrammations manuelles parfois coûteuses […] et adapter l’éclairage aux enjeux de biodiversité ». Le coût de mise en place serait de 157 millions d’euros pour 299 millions d’euros de bénéfices, soit une économie de 142 millions d’euros et 55 kt CO₂ en moins.

Près de 2 000 kt CO₂ en moins pour les Points d’Apport Volontaire

L’observatoire veut aussi connecter les Points d’Apport Volontaire (PAV) avec des sondes de remplissage des bacs de récupération. Ils sont 24 % pour le moment. Avec 36 % dans 10 ans, il serait possible d’économiser 301 millions d’euros (dont 58 millions d’euros en carburant) et 1 833 kt CO₂.

Enfin, pour les incendies, il est question de « systèmes de détection […] installés sur des points hauts, avec notamment des caméras de visualisation », pour effectuer des levers de doutes à distance (en visuel). Il est question de 32 caméras par département.

Avec 46 millions d’euros d’investissement pour équiper 18 départements (en plus des 7 déjà équipés en 2024), le bénéfice serait de 151 millions d’euros, soit des économies de 106 millions d’euros. Mais ce dispositif permettrait aussi de sauver 42 500 hectares et d’éviter 1 062 kt de CO₂, toujours selon les chiffres de l’observatoire.

De potentiels « impacts financiers et écologiques significatifs »

Au final, l’observatoire met en avant des gains potentiels considérables : « Les bénéfices du numérique sont particulièrement visibles sur le long terme, avec des impacts financiers et écologiques significatifs. Ils demandent en revanche un investissement de départ »… cette dernière phrase est sans doute la plus importante.

L’étude affirme enfin que les collectivités « sont plus enclines à adopter ces solutions lorsqu’elles bénéficient du soutien de structures de mutualisation à une échelle suffisamment large pour embarquer le plus grand nombre possible d’acteurs dans un projet commun ». Cela permet aussi de baisser les coûts.


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