Les Pieds nickelés

Las des messages ambivalents des protagonistes concernés, le magazine The Atlantic a pris le parti de publier, captures d’écran à l’appui, l’essentiel des échanges obtenus par son rédacteur en chef, invité par mégarde d’une boucle Signal réunissant le gratin de l’administration Trump.
Deux heures et demie avant que les premières bombes n’atteignent leur cible, un message annonce l’instant précis auquel est programmé le décollage des F18 chargés de la mission. Il ajoute dans la foulée l’horaire d’envol programmé des drones, puis des chasseurs qui doivent assurer la suite des frappes.
Cette communication, émanant du ministre de la Défense des États-Unis et distribuée au sein d’une boucle Signal, relève-t-elle du secret militaire ? Pas forcément, répondent certains officiels de l’administration Trump, après que le magazine The Atlantic a révélé, lundi, avoir été invité par mégarde à une conversation relative aux préparatifs des frappes américaines au Yémen du 15 mars dernier.
Une banale conversation au sujet d’une opération militaire en cours
Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, a résumé mardi la position de l’administration Trump au sujet de cette fuite inédite.
« Jeffrey Goldberg est connu pour ses propos sensationnalistes. Voici les faits concernant sa dernière histoire : 1. Aucun « plan de guerre » n’a été évoqué. 2. Aucun document classifié n’a été envoyé dans la discussion. 3. Le Bureau du conseiller juridique de la Maison-Blanche a fourni des lignes directrices sur les différentes plateformes à utiliser pour que les hauts responsables du président Trump communiquent de façon aussi sûre et efficace que possible ».
Donald Trump n’a quant à lui réagi que par l’intermédiaire d’un simple lien, posté sur son réseau social Truth. Ce dernier renvoie vers Babylon Bee, un site satirique conservateur, qui titre sur la façon dont Trump, en génial stratège, a partagé ses plans de guerre avec un magazine que personne ne lit.
Si ce n’est pas confidentiel, publions-le ?
The Atlantic rapporte par ailleurs les propos de Tulsi Gabbard et John Ratcliffe, respectivement directrice du renseignement et patron de la CIA, tous deux participants de cette étonnante boucle Signal. Entendus mardi devant le Sénat, les deux auraient soigneusement minimisé l’importance des propos échangés. « Il n’y avait aucune information classifiée dans ce qui a été partagé au sein de ce groupe Signal », aurait ainsi déclaré Tulsi Gabbard.
En réaction, le magazine adopte une posture mi-naïve, mi-provocatrice. « Hier, nous avons demandé aux responsables de l’administration Trump s’ils s’opposaient à ce que nous publiions les textes complets ».
La réponse revient négative. « Comme nous l’avons répété à plusieurs reprises, aucune information classifiée n’a été transmise lors de la conversation de groupe. Cependant, comme l’ont déclaré aujourd’hui le directeur de la CIA et le conseiller à la sécurité nationale, cela ne signifie pas que nous encourageons la divulgation de la conversation », écrit Karoline Leavitt à la rédaction de The Atlantic.
Lequel décide en retour de publier la conversation, compte tenu du caractère passé de l’opération miliaire concernée. « Il existe un intérêt public évident à divulguer la nature des informations que les conseillers de Trump ont utilisées dans des canaux de communication non sécurisés, en particulier parce que des personnalités de haut rang de l’administration tentent de minimiser l’importance des messages qui ont été partagés », estime le magazine.
Au-delà des détails techniques de l’opération, la conversation se révèle particulièrement intéressante dans ses premiers échanges, quand Michael Waltz, conseiller à la sécurité nationale, Pete Hegseth, ministre de la Défense, et J.D. Vance, vice-président des États-Unis, évaluent l’intérêt de conduire, ou non, l’opération, au regard notamment des relations avec l’Europe.
