The Division

Ubisoft se prépare à créer une filiale chargée du développement de ses principales licences, à commencer par la série des Assassin’s Creed. La nouvelle entité, sous contrôle de l’éditeur français, est financée à hauteur de 1,16 milliard d’euros par le géant chinois Tencent.
Diviser pour mieux optimiser ? Engagée depuis plusieurs semaines dans la mise au point d’un plan de restructuration, la famille Guillemot, actionnaire principal d’Ubisoft, en a finalement dévoilé jeudi les grandes lignes.
La manœuvre associe étroitement le destin de l’éditeur français au groupe chinois Tencent, qui va injecter 1,16 milliard d’euros dans une nouvelle filiale d’Ubisoft (sans nom officiel à ce stade). Cette dernière regroupera l’ensemble des équipes et des studios chargés du développement de trois des principales licences de l’éditeur : Assassin’s Creed, Far Cry, et Tom Clancy’s Rainbow Six.
Des liens renforcés avec Tencent
« Avec la création d’une filiale dédiée, qui pilotera le développement de trois de nos plus grandes licences, et l’intégration de Tencent comme actionnaire minoritaire, nous valorisons nos actifs, consolidons notre bilan et créons les conditions optimales pour la croissance à long terme et le succès de ces licences », déclare Yves Guillemot, cofondateur et CEO d’Ubisoft, dans un communiqué (PDF).
L’opération se fait sur la base d’une valorisation estimée à 4 milliards d’euros, indique l’entreprise, ce qui signifie que Tencent détiendra environ 25 % de la filiale à venir. Elle représente une prime significative par rapport au cours actuel d’Ubisoft en bourse. L’entreprise, dont le flottant représente pour mémoire 70 % du capital, a terminé la journée de jeudi sur un cours de 12,92 euros, soit une capitalisation boursière totale de l’ordre de 1,97 milliard d’euros.
Ubisoft garde le contrôle
La nouvelle filiale sera créée et détenue à 100 % par Ubisoft avant l’entrée de Tencent au capital, précise l’éditeur, dont le conseil d’administration a gravé dans le marbre les modalités de contrôle, au moins pour les premières années. L’accord passé avec le géant chinois des jeux mobiles prévoit ainsi que Tencent conserve ses parts pendant cinq ans, à moins qu’Ubisoft ne perde la majorité, et ne dispose que d’un droit de véto au niveau du conseil d’administration. L’éditeur français s’engage de son côté à ne pas céder la majorité pendant deux ans.
Au-delà des aspects financiers, la nouvelle entité, dont le siège sera situé en France, devrait disposer d’une autonomie opérationnelle vis-à-vis de sa maison mère, avec sa propre équipe dirigeante, et la capacité à réaliser ses propres décisions en matière de développement, de marketing et de distribution. Pour développer ses trois licences phares, elle s’appuiera sur les studios Ubisoft de Montréal, Québec, Sherbrooke, Saguenay, Barcelone et Sofia.
Ubisoft conserve Ghost Recon, The Division et ses marques historiques
« Vous êtes + de 3 millions sur Assassin’s Creed Shadows », s’est félicité jeudi soir Ubisoft, selon qui le nouvel épisode enregistre le deuxième meilleur démarrage (ventes au premier jour) de la série. Si cette marque emblématique est transférée à la future filiale, que reste-t-il à la maison mère ?
« Ubisoft se concentrera sur le développement de franchises emblématiques, notamment Tom Clancy’s Ghost Recon et The Division, en accélérant la croissance de ses titres les plus performants et en tirant parti des technologies disruptives sur de nouvelles licences, tout en continuant à proposer des moteurs de jeu et des services en ligne de pointe », répond l’éditeur.
Malmené en bourse depuis l’été 2024 suite à plusieurs échecs commerciaux, Ubisoft a également connu à l’automne d’importantes tensions sociales sur fond de fin programmée du télétravail. Ce contexte avait amené l’éditeur à annoncer, début janvier, l’étude de ses différentes options stratégiques sur le plan capitalistique. L’entreprise a dans le même temps engagé un programme de restructuration qui doit lui permettre de réduire sa base de coûts fixes de 200 millions d’euros « d’ici l’exercice 2025 – 26 par rapport à l’exercice 2022 – 23 ».